"Il se joue là, à mon sens, quelque chose d’essentiel : la façon même dont on peut penser la notion de « bourreau ». Que devient le concept de faute, de responsabilité, quand l’exécutant, enlevé enfant, devient, à l’intérieur du seul système de référence qu’on lui laisse, un tueur volontaire ? Pourquoi alors le cinéma, plutôt qu’un autre livre ? Parce que dans un film, et surtout avec le dispositif mis en oeuvre ici, ce sont les anciens LRA eux-mêmes, et non pas quelqu’un de l’extérieur, moi ou un autre, qui travaillent la question, et amènent des fragments de réponse, leur réponse en tous cas. Et ces réponses viennent avec tous les moyens qu’offre l’image en mouvement et le son : non seulement la parole, forcément limitée, mais les gestes, les intonations, les hésitations, les regards. La vérité que le film les amène à livrer, c’est la vérité autant de leur corps que de leur parole." JL